DÉPUTÉS DROITE RÉPUBLICAINE
À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

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Madame la Présidente,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les Ministres,
Chers collègues,

Nous y revoilà. Nous y revoilà donc, au bout d’à peine 9 mois un gouvernement est de nouveau sur le point de tomber. Et à chaque étape, nous enfonçons encore plus notre pays dans l’instabilité politique.

Quelles que soient nos opinions sur tous ces bancs, personne ne peut s’en réjouir.

Si nous sommes ici c’est parce que nous aimons la République, nous aimons la France, et nous ne pouvons que ressentir de la tristesse face à ce qu’est en train de devenir la politique française.

Je me souviens lorsque je suis entré ici pour la première fois, comme député de Haute-Loire, le sentiment très fort que j’avais ressenti dans ce lieu où ont raisonné les voix de Jules Ferry, Georges Clemenceau, Charles de Gaulle ou Philippe Séguin. Aussi différents soient-ils, ils ont tous incarné la noblesse de la politique.

Et cette politique que nous aimons, nous la voyons être rongée à nouveau par ces vieux démons.

Après les errements de la IVe République, le général de Gaulle a redonné à la France sa stabilité. Son Premier ministre Georges Pompidou l'a été pendant six années consécutives. Et nous avons déjà vu se succéder quatre Premier ministres en seulement deux ans.

L'instabilité politique est toujours un poison économique. Pendant que l'Assemblée nationale se déchire… Pendant que sur ces bancs, les invectives et les cris de certains tiennent lieu de délibération en vue du bien commun… : notre pays dévale la pente du déclin.

Déficits, surendettement, désindustrialisation, insécurité et immigration hors de contrôle. Nous en sommes au point où la France s'endette à des taux supérieurs à ceux de la Grèce et où des narcotrafiquants versent des aides sociales aux habitants de nos cités.

Dans cette période, il y a quelqu’un qui agite tous les désordres car il espère en profiter. Quelqu'un n'attend que le chaos parce qu'il veut la révolution. C'est Jean-Luc Mélenchon.

Sa grossière récupération du mouvement du 10 septembre est la manifestation criante de cette stratégie de l’anarchie. Je le dis aujourd’hui plus que jamais : l’extrême gauche est le premier danger politique pour la République française.

Et avec les députés de la Droite Républicaine nous serons le premier barrage face à cette menace. Nous n'accepterons jamais un gouvernement avec des membres de la France insoumise ou mettant en œuvre le programme insensé du Nouveau front populaire.

Et cela vaut évidemment pour un gouvernement socialiste qui porterait ce programme.

Monsieur le Premier ministre, j’en viens à la question qui nous est posée. Celle du redressement budgétaire de notre pays. Il nous est arrivé d'avoir des différends. Je vous les ai toujours exposés, en toute franchise.

Et de la même manière, quand vous avez posé le diagnostic de la situation budgétaire, je vous ai immédiatement apporté mon soutien.

Parce que vous avez eu le courage de dire la vérité sur l’état de nos finances et de poser ce débat fondamental pour l’avenir du pays.

Oui, la situation budgétaire de la France appelle un sursaut collectif.

Oui, nous ne pouvons plus continuer à laisser filer notre dépense publique.

Oui, nous ne devons jamais oublier que si les Français sont accablés d’impôts et de charges, c’est parce que l’Etat dépense trop.

Tout ceci à des conséquences, plus encore que la dette, ce sont les intérêts de la dette qui nous mettent en péril. Parce qu’au lieu d’investir pour préparer l’avenir du pays, nous sommes condamnés à payer nos créanciers. Et demain, la France consacrera plus d’argent à rembourser ses intérêts qu’à l’Education nationale.

Et face à cela, certains affirment que l’on pourrait dépenser sans compter. Et qu’il suffirait d’augmenter les impôts dans le pays qui en détient le record. Dans une démocratie, ces débats ne sont malheureusement pas nouveaux.

Au IVe siècle avant Jésus-Christ, Athènes est sous la menace de Philippe II de Macédoine. Un débat s’ouvre au sein de l’Ecclesia et s’expriment ceux qui pensent pouvoir continuer de dépenser sans compter sans mieux gérer les finances de la Cité. Démosthène prend la parole et leur répond : “la réalité dément nos chimères" et il faut
“préférer les paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent”.

Je vous reconnais d’avoir fait ce choix. Et inlassablement au cours des mois qui viennent de s’écouler les députés Droite Républicaine ont fait des propositions.

Pas pour qu’il y ait moins d’économies mais plus d’économies. Ce que nous avons y compris formulé en juillet en proposant des économies plus importantes sur la bureaucratie, l’immigration et la lutte, j’y reviendrai, contre la fraude et l’assistanat.

Sur tous ces sujets, la Droite Républicaine a toujours été force de propositions.

C’est donc, Monsieur le Premier ministre, avec d’autant plus un sentiment de gâchis que je m’adresse à vous aujourd’hui.

Nous vous avons toujours dit que nous ne vous signerions pas de chèque en blanc. Que nous défendrions nos convictions. Mais nous étions prêts à nous engager collectivement pour le redressement budgétaire.

Or pourquoi avez-vous eu tant de mal à convaincre ? Je pense qu’il faut s’y arrêter un instant pour en tirer les leçons nécessaires.

Les Français ne sont pas aveugles à la situation budgétaire du pays.

Notre conviction est qu'ils sont prêts aux efforts de redressement budgétaire, à deux conditions. Que ce soient par des économies, mais de vraies économies et non des augmentations d’impôts déguisées. Et que les efforts ne pèsent pas toujours sur les mêmes, à savoir la France qui travaille ou qui a travaillé toute sa vie.

Or le vote que vous avez sollicité, n’est évidemment pas qu’un vote sur le redressement financier du pays. Mais un vote aussi sur le chemin budgétaire que vous avez présenté à l’été.

Et dans ce budget, deux éléments ont suscité du rejet. Il y a des économies, mais aussi des hausses d’impôts déguisées. Et cette mesure de supprimer deux jours fériés en demandant à la France qui paye déjà tant de charges et d’impôts pour que d’autres touchent des aides, de travailler plus sans être rémunérée. Ce n'est pas faire du bien à la France que de faire du mal aux Français qui travaillent.

Nous vous avons proposé, plutôt que de supprimer deux jours fériés, de s’attaquer aux 365 jours fériés de ceux qui ne travaillent pas et profitent du système. Avec une loi de lutte contre la fraude et l’assistanat pour créer une allocation sociale unique fusionnant toutes les aides existantes et plafonnée à 70% du SMIC, pour que dans tous les cas de figure quelqu’un qui reste chez lui ne gagne pas plus que celui qui travaille.

Garder le social bien sûr, arrêter l'assistanat, revaloriser enfin le travail. Voilà notre conviction. La clef du sursaut français sera la revalorisation du travail.

Monsieur le Premier ministre, vous m’aviez donné votre accord.

Vous m’avez dit que vous étiez prêt à prendre la parole pour clarifier votre position. Cette parole, nous l’avons attendue et nous ne l’avons pas entendue. Et je le regrette. Parce que si vous aviez écouté la France qui travaille, vous auriez aujourd'hui le soutien unanime des députés de la Droite républicaine. Tel n'a pas été le cas.

On ne vous demandait pas de vous renier. On ne vous demandait pas moins d’économies, mais plus d’économies. Pas des hausses d’impôts déguisées. Vous avez fait un choix, je le respecte. Mais je ne demande jamais aux députés de voter contre leur conscience.

Certains voteront pour, sans enthousiasme, et ce sera mon choix.

D'autres - et leur position est tout aussi respectable - ne voteront pas pour. Tout simplement parce qu'ils considèrent que le cœur des convictions de notre groupe n’est pas respecté : la défense de la France qui travaille.

Pour ceux qui aiment la grande politique, celle qui est faite avec du panache et de l'audace, il n'y a pas grand-chose de réjouissant dans la situation présente.

Oui, l’Assemblée nationale est divisée.
Oui il n’y a pas de majorité absolue.
Oui, la situation suppose des compromis.

Nul ne peut prétendre plaider pour un gouvernement chimiquement pur. Quand on dit cela, on ment aux Français. Ces scénarios improbables, d'où qu'ils viennent d'ailleurs, sont des chimères.

Il y a ceux qui disent qu'à cela ne tienne : ajoutons du blocage au blocage.
Il y a ceux qui plaident pour des élections législatives anticipées, dont tout montre qu'elles ne changeraient rien aux divisions de l’Assemblée et ajouteraient de l’instabilité.

Et il y a ce que je crois être notre devoir dans cette période imparfaite : essayer de faire œuvre utile. La France a besoin d'un gouvernement, d'un budget et d'un minimum de stabilité.

Ma conviction n’a pas changé : si l’on veut donner un minimum de stabilité pour le prochain gouvernement jusqu’à l’élection présidentielle, il faut changer notre méthode.

On ne peut se contenter de désigner une personnalité quelle qu’elle soit, à qui l’on signe un chèque en blanc sans définir de programme de travail. Aucune démocratie ne fait cela, pas plus l'Italie que l'Allemagne.

Avant la constitution de son gouvernement, le Premier ministre doit présenter un programme de travail pour qu’il soit discuté avec l’ensemble des formations politiques. Pour que chaque groupe politique décide en son âme et conscience : s'ils veulent y participer, s'ils consentent à le soutenir sans y participer ou s'ils veulent s'y opposer.

Sans cela, il ne peut y avoir de stabilité. Car nous serons ballotés au gré du vent sans même avoir pris la peine de définir le cap à suivre.

C'est la réalité hors de laquelle tout n'est que posture et spéculation. 

Nous sommes résolus à ne pas nous en contenter. Et à agir pour les Français.

Je vous remercie.

DROITE RÉPUBLICAINE L'ESSENTIEL