DÉPUTÉS DROITE RÉPUBLICAINE
À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

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Madame la présidente,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les ministres,
Chers collègues,

Monsieur le Premier ministre, vous prononcez votre discours dans une crise politique inédite sous la Ve République.

Au cours des dix derniers jours, la politique française a donné le pire des spectacles.

Une image terrible dans laquelle chacun a une part de responsabilité.

Ceux qui jouent avec la censure, ceux qui veulent tout faire tomber parce qu’ils y voient leurs intérêts, ceux qui veulent que rien ne change.

Les Français observent cela. Il y a de l’écoeurement, de la colère mais il y a plus que tout une profonde inquiétude.

Nous sommes renvoyés aux pires périodes d’instabilité de notre histoire. Après Philippe le Bel, avant la guerre de Cent ans, quand les rois ne régnaient pas deux ans. La fin du XIXe où la Troisième République faisait face à l’anarchie. Celle de la guerre d’Algérie pendant laquelle les gouvernements ne tenaient que quelques mois.

Mais au moins à l’époque la France pouvait compter sur une économie prospère qui protégeait les Français. Aujourd’hui, notre nation fait face à une triple crise : une crise politique, une crise économique et une crise géopolitique. Nous dansons au-dessus d'un volcan.

Aucun d’entre nous ne peut s'en réjouir. Et chacun d’entre nous, j’en suis sûr, aspire à ce que la politique retrouve le sens de l’intérêt général.

Il est urgent de tourner cette page catastrophique pour la politique française.

Et cela suppose un effort de chacun.

Est-ce qu’il y a de fortes différences politiques entre nous ? Bien sûr et tant mieux c’est la démocratie.

Est-ce que nous avons tous en tête que, dans nos institutions seule l’élection présidentielle est fondatrice ? Evidemment.

Est-ce que ce moment de confrontation entre projets politiques viendra ? Tout le monde le sait.

Mais entre-temps, la seule question qui nous est posée, c’est : voulons-nous tout détruire ou sommes-nous capables de faire des efforts les uns vers les autres ?

Un an. Juste un an. Un an avant que ne se tienne la campagne présidentielle.

Un an avant ce débat décisif sur les causes de notre impuissance et les moyens d'en sortir.

Et entre-temps : trouver des compromis, plutôt que de s'écharper stérilement, plutôt que de parier sur une énième élection par défaut.

Que chacun fasse cet effort.

Agir pour le moindre mal dans cette période transitoire où le pire est possible.

C’est cette lucidité que les Français attendent de nous : “entendez-vous”, “discutez”, “trouvez des solutions”. Et j’en suis convaincu : ils jugent avec sévérité ceux qui nourrissent le chaos.

 

Monsieur le Premier ministre, c’est la condition pour que votre gouvernement puisse agir.

Oui l’Assemblée nationale est divisée

Mais cela n’empêche pas d’avancer. La France a réussi cela par le passé et bien des démocraties autour de nous y parviennent.

Dans un climat de division politique, trouver des équilibres, ne pas prétendre tout faire mais se concentrer sur l’essentiel.

Les gouvernements d'Antoine Pinay, avec le retour de l’équilibre budgétaire, ou de Pierre Mendès-France, avec la fin des guerres coloniales, y étaient parvenus. Le pays avait su avancer en dépit de son instabilité politique. C’est notre responsabilité aujourd’hui.

Et c’est la position des députés de la Droite Républicaine qui n’a pas changé depuis la dissolution.

Refuser d’abord, je l’assume, que notre pays soit livré aux folies de l'extrême gauche. Nous nous sommes battus pour qu’il n’y ait pas de gouvernement sous le contrôle de la France insoumise. Parce qu’ils sont la première menace politique pour notre République.

Et notre deuxième priorité, c’est que la France ne soit pas bloquée.

Et nous nous engageons, conscients des compromis nécessaires, pour que les lois indispensables soient adoptées.

Cette position nous l’avions tracée avec Bruno Retailleau. Nous l’avions définie collectivement avec nos députés et nos sénateurs. Nous ne censurons pas un gouvernement a priori. Nous ne ferons pas partie de ceux qui feront tomber les Premiers ministres.

 

Cette position des députés de la Droite Républicaine n’a pas varié. La France a besoin d’un minimum de stabilité, la France a besoin d’un gouvernement, la France a besoin d’un budget.

Notre priorité pour les semaines à venir sera donc simple : donner un budget à la France. Si nous continuons comme cela : les Français n’auront pas de budget pour les protéger.

Priver la France de budget, c'est aggraver le déficit déjà le plus élevé de la zone euro.

Priver la France de budget, c’est être dans les mains de nos créanciers.

Priver la France de budget, c'est le poison de l'incertitude. Les Français ne consomment plus, nos entreprises n’investissent plus, nos artisans et commerçants nous disent tous que la situation n’a jamais été aussi difficile.

Priver la France de budget, c’est geler les moyens dédiés à l'hôpital, à l’école, ou même à nos armées, dans un contexte géopolitique plus menaçant encore que celui de la Guerre froide.

Et, monsieur le Premier ministre, je me permets de rappeler ici une évidence, parce que les débats de ces derniers jours ont tourné le dos au bon sens.

Le sujet n’est pas d’augmenter les impôts, mais de les baisser dans le pays le plus fiscalisé au monde. Le sujet n’est pas d’augmenter la dépense, mais de la baisser dans le pays qui a le record de la dépense publique.

Ce n’est pas aux Français qui travaillent, à la France qui a travaillé toute sa vie de faire des efforts. C’est à l’Etat de faire des efforts en luttant contre la bureaucratie administrative et la dépense improductive.

Et vous avez su envoyer des premiers signaux symboliques. Il faut aller plus loin.

Supprimer toutes ces agences qui ne servent à rien et coûtent tant. Arrêter la politique des chèques gouvernementaux. Remettre de la bonne gestion dans nos services publics en faisant confiance aux acteurs de terrain au lieu de tout rendre si compliqué.

Et c’est possible. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons baissé de 15% les dépenses de fonctionnement, sans augmenter le poids de la dette ni la moindre taxe.

Baisser la dépense, ce sera le combat de la Droite Républicaine dans ce débat budgétaire.

Nous ne laisserons pas la gauche et la France insoumise imposer un budget contraire aux intérêts du pays et nous investirons le débat budgétaire pour faire valoir nos convictions et nos propositions.

 

Les aspirations des Français sont plus simples que ne le sont les fractures politiques : revaloriser le travail, rétablir l'ordre, arrêter l'immigration incontrôlée.

Je voudrais pour conclure revenir sur ce combat fondamental pour les députés de la Droite Républicaine : arrêter l’assistanat, revaloriser le travail.

La plus grande injustice en France est que le travail ne paie pas. Quand un employeur veut augmenter de 100 euros un salarié au SMIC, il doit débourser 483 euros. Quand un salarié est payé 3000 euros brut, cela coûte plus de 4000 euros à son employeur et le salarié ne reçoit que 2200 euros après impôts et charges.

Alors même qu'un couple sans emploi avec des enfants cumule en moyenne 2 300 euros d'aides sociales.

Ce n’est pas juste.

Aucune société ne peut tenir sans ce ciment de justice élémentaire : la récompense du travail, de l’effort et du mérite.

Cela a toujours été mon combat avec les députés de la Droite Républicaine : garder le social, arrêter l’assistanat, revaloriser le travail.

Nous allons nous battre dans les semaines qui viennent pour fusionner enfin toutes les aides sociales dans une allocation sociale unique plafonnée par rapport au SMIC. On ne doit pas gagner plus en restant chez soi qu’en allant travailler.

Et nous allons nous battre pour qu’il y ait, dans le même temps, un signal pour la France qui travaille : il faut défiscaliser entièrement les heures supplémentaires, zéro impôt zéro charge. Ce dispositif était apprécié. Il faut que l’on sorte de ce piège si décourageant pour ceux qui se donnent du mal : travailler plus pour perdre des aides et payer plus d’impôts.

Enfin, l'utra-violence et l'immigration hors de contrôle imposent de réarmer notre droit. En face de chaque infraction, une sanction. Rétablir l'autorité de la loi, l'autorité de nos frontières, l'autorité de notre mode de vie. Cette politique - qu'ont engagée aussi bien les sociaux-démocrates danois que la droite italienne - est attendue par les Français, bien au-delà des clivages partisans.

Sur ces sujets prioritaires, monsieur le Premier ministre, vous nous trouverez à vos côtés.

 

Et ensuite, ensuite, viendra le débat présidentiel. Celui qui permettra d’enclencher enfin la profonde reconstruction de notre pays. Notre conviction est que la France a besoin d’un redressement de droite, clairement de droite. Avec un objectif : sortir du régime de l'impuissance. De cette Ve République aujourd'hui dénaturée. Dont il faut retrouver l'esprit et l'efficacité des origines.

Ce qui menace notre pays, c'est de glisser toujours plus vite sur la pente de la décadence.

Pour surmonter une crise de régime, l’histoire de France nous enseigne deux chemins.

Le premier la tentation de tout renverser. Nous l’avons parfois suivi dans notre histoire et nous savons dans quels tourments la passion de la destruction a pu plonger notre pays.

Et celui dessiné par le général de Gaulle en 1958. Lui qui avait compris que la volonté de tout détruire était avant tout un aveu de résignation. Que le courage consiste à tout rebâtir, pas à tout détruire. Que le pire des dangers est le désordre, ce qu'il appelait la chienlit, dans un pays où la guerre civile est toujours une menace.

Comme le résumait Georges Pompidou, « rebâtir, en sachant ce qu’on veut rebâtir et qui en vaille la peine. » Changer ce qu’il faut pour préserver ce qui vaut. C'est ce changement qu'il faudra préparer, avec tous ceux qui ont à cœur le sursaut français. Je vous remercie.

DROITE RÉPUBLICAINE L'ESSENTIEL